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  • Photo du rédacteurCorinne David

Les relations dans un monde du travail hyperconnecté

Ces nouveaux modes d'organisation du travail ont l'avantage de correspondre aux attentes des jeunes cadres en terme d'autonomie, de flexibilité et de collaboration. Au niveau individuel, face au mal être engendré par la superconnexion, il me semble que chacun peut réfléchir à ce besoin d'immédiateté, à cette "infobésité" et peut-être intégrer dans ses réflexions sur l'organisation de son travail une place déterminante de pause, du temps pour soi, pour se déconnecter et se recentrer. Au niveau collectif, une réflexion pourrait être menée sur la restauration ou préservation de la qualité relationnelle difficilement compatible avec cette recherche sans fin d'instantanéïté. Corinne David, coach certifié et médiatrice professionnelle.

l'INRS , 70% des cadres rapportent que "la disponibilité permanente (via le mail) est une norme dans leur environnement professionnel". Vient s'ajouter le délai de réponse qui doit être immédiat sous peine de recevoir un SMS de rappel. 70% des mails seraient lu dans les six secondes qui suivent leur arrivée et ce pour "en moyenne 36 consultations par heure de la boite mail". La boite mail comme tous les outils du numérique sont dénoncés notamment pour leurs effets sur l'efficacité et la qualité du travail de la personne qui perd du temps et perd de l'efficience cognitive puisqu'il faut 20 minutes pour revenir à un état d'attention suffisante pour réaliser sa tâche. Tout le monde a conscience de la pénibilité liée à l'utilisation des ces d'outils numériques mais personne ne les dénonce tant leur usage est devenu la norme dans les entreprises. Les personnes sont en surcharge informationnelle liée à la quantité de mails reçus, de l'injonction informelle d'y répondre immédiatement et de la perte de concentration et d'attention que cela peut représenter dans le traitement des autres activités.

70% des managers déclarent souffrir de cette surcharge informationnelle car "l'utilisation de leur messagerie électronique devient incontrôlable du fait qu'ils reçoivent plus d''e-mail qu'ils ne peuvent gérer ou traiter efficacement". La pression engendrée par le sentiment d'urgence à répondre vient renforcer ce stress qui peut mener à une perte de qualité, un épuisement professionnel ou encore une dépression. Au regard de la qualité de la communication ce n'est pas mieux, le mail est source d'incompréhension et d'interprétation. C'est une communication pauvre car l'échange est asynchrone et purement textuel.



Par ailleurs l'usage des boite mail permet l’intrusion de la sphère professionnelle dans la sphère privée et vis versa ne serait-ce que par rapport à la question de l'absence de réelle déconnexion ou de l'archivage des contenus. Il peut mener à des failles dans l'éthique des personnes que ce soit de l'employeur comme de l'employé. L' immédiateté est devenue la norme, encouragée par les avancées des technologies de l'information et de la communication (TIC) qui permettent des réponses immédiates aux sollicitations et on peut s'interroger sur la pertinence de ne pas accorder le temps de la réflexion, d'imposer une réponse individuelle engageante et le niveau de stress que cela engendre, les conséquences sur la qualité des relations. Il existe des chartes de bonne conduite en matière de déconnexion mais elle ne peuvent parfois ne pas être appliquée tant la charge informationnelle est importante


et le contrôle peut être mal perçu s'il n'est pas accompagné d'un feed-back positif pour un changement de comportement. Les solutions centralisées (blocage/contrôle des heures de connexion) présentent un risque de perte d'autonomie dans la gestion de cette charge de travail avec les risques d'être perçues non pas comme des aides mais comme des contraintes. Pour réellement agir sur ce facteur de stress et de dégradation relationnelle, il faut une réelle prise de conscience sur la réalité du problème et ses causes profondes, il faut au niveau "des dirigeants et des salariés une conscientisation des déterminants organisationnels et humains de ces pratiques problématiques." Peut-être qu'une piste de solution transformationnelle serait une orientation vers les nouvelles organisations en "groupeware", dispositifs sociotechniques collaboratifs qui sont , fondamentalement, des technologies centrées sur les groupes et les processus de groupe ayant pour finalité la création d’un espace de travail partagé matériel et virtuel, sous-tendu par une collaboration dynamique. Pour en savoir plus , vous pouvez lire cet article de Comtet Isabelle, « L'usage du groupware ou la construction d'un dispositif sociotechnique », Revue française de gestion, 2006/9-10 (n° 168-169), p. 287-301. DOI : 10.3166/rfg.168-169.287-301. URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2006-9-page-287.htm Ces nouveaux modes d'organisation du travail ont l'avantage de correspondre aux attentes des jeunes cadres en terme d'autonomie, de flexibilité et de collaboration. Au niveau individuel, face au mal être engendré par la sur-connexion, il me semble que chacun peut réfléchir à ce besoin d'immédiateté, à cette "infobésité" et peut-être intégrer dans ses réflexions sur l'organisation de son travail une place déterminante de pause, du temps pour soi, pour se déconnecter et se recentrer. Au niveau collectif, une réflexion pourrait être menée sur la restauration ou préservation de la qualité relationnelle difficilement compatible avec cette recherche sans fin d’instantanéité. Corinne David, coach certifié et médiatrice professionnelle.


Sources: « L'usage du groupware ou la construction d'un dispositif sociotechnique », Revue française de gestion, 2006/9-10 (n° 168-169). "TIC, hyperconnexion et surconnexion : comprendre la dynamique des attentes psychosociales pour les prévenir" de Vincent GROSJEAN et OPHELIE MORAND - INRS, département Homme au travail.

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